Les origines de Pâques
C’est bientôt Pâques, la chasse aux œufs et une fête conviviale. Mais cette tradition est pleine de références bien plus anciennes qu’on ne l’imagine…
La Pâque juive ou Pessah
La célébration de Pâque fut d’abord une tradition juive. Elle se fondait sur deux rituels bien plus anciens ; l’un était issu de la culture nomade, où l’on sacrifiait un agneau d’un an. Il était mangé le soir, en famille, et son sang était étalé sur les piquets autour de l’entrée des tentes pour repousser les mauvais esprits. L’autre était de culture sédentaire. On devait manger pendant quelques temps du pain non levé, ou pain azyme, pour célébrer le début des récoltes, qui commençaient avec l’orge.
Dans la religion juive, ces deux fêtes furent regroupées, l’une pour rappeler comment les Juifs, qui étaient alors esclaves en Égypte, furent épargnés par le dixième fléau divin (leur porte était signalée par le sang d’un agneau), et l’autre pour commémorer leur départ du pays, et ainsi leur libération.
Aujourd’hui, à cause de la destruction du temple de Jérusalem, on ne sacrifie plus d’agneaux, mais il est toujours interdit de manger un aliment qui a fermenté pendant la semaine de Pâque.
Les Pâques chrétiennes
Dans la religion chrétienne, de tradition catholique, protestante et orthodoxe, Pâques est le symbole de la mort et de la résurrection de Jésus. La Cène, dernier repas du prophète chrétien, reprend les symboles de la tradition juive, mais « l’être pur » qui sera sacrifié n’est alors autre que Jésus. Le lendemain sera le jour de sa condamnation et de sa mort, célébré le Vendredi Saint ; le dimanche suivant, le jour de Pâques, est celui de la résurrection qui n’a été dévoilée que le lendemain, le lundi de Pâques. La date du début de la célébration, qui change tous les ans, a été fixée par le Concile de Nicée en 325 comme étant « le premier vendredi suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps » (l’équinoxe est le moment où la nuit et le jour ont exactement la même durée).
Cependant, cette décision posa problème au cours du Moyen-Age. En effet, le calendrier utilisé datait du temps de Jules César (on l’appelle d’ailleurs calendrier julien). A l’origine, tous les solstices et équinoxes tombaient un 25, d’où la date du 25 décembre pour Noël. Cependant, lorsque la fête fut fixée, l’équinoxe arrivait le 21 mars, à cause d’un faible décalage entre le calendrier julien et la véritable période de rotation de la Terre autour du Soleil. Mais l’écart continua à se creuser, si bien que Pâques arriva le 11 mars avant que le pape Grégoire XIII n’apporte quelques corrections au précédent calendrier, en 1582.
Les orthodoxes, qui avaient fait sécession, refusèrent d’adopter le nouveau calendrier, préférant « être en désaccord avec le Soleil que d’accord avec le pape ».
Les symboles de Pâques
Durant cette fête, les symboles sont nombreux, et souvent plus anciens que les religions qui la célèbrent. Mais pourquoi des cloches, des œufs et des lapins ?
Les cloches de Pâques
Cette tradition est essentiellement catholique. Durant le Moyen-Age, il n’existait pas d’autres moyens de connaître l’heure que les cloches des églises, qui étaient sonnées à heures fixes. Ces fameuses cloches se taisaient la veille du Vendredi Saint, et ne carillonnaient à nouveau que le dimanche suivant. L’histoire prétendait qu’elles allaient jusqu’à Rome se faire bénir, et revenaient avec des cadeaux, des œufs et des douceurs pour les enfants. Cependant, ce n’est le cas qu’en France et au Canada essentiellement, car ailleurs c’est un lapin ou un lièvre qui apporte les œufs.
Le lièvre ou lapin de Pâques
Cet animal est depuis longtemps associé à cette période. En effet les peuples Celtes offraient des œufs peints à une déesse dont l’emblème était le lièvre, symbole de fertilité. Celle-ci s’appelait Eostre, ce qui donna entre autres le mot anglais Easter (Pâques). Le culte du lapin est resté en mémoire dans les pays germaniques, mais le mélange avec la culture chrétienne donna naissance à une nouvelle explication :
« une pauvre femme n’aurait pas eu de douceurs à offrir à ses enfants pour Pâques, alors pour les rendre heureux, elle aurait peint quelques œufs et les aurait dispersés autour de la maison. Le lendemain matin, les enfants sortirent pour récupérer leurs cadeaux et, voyant un lièvre, ils crurent que c’était lui qui avait pondu les œufs ! »
En Australie, le lapin est un animal importé, et il est progressivement remplacé par le bilby, un petit marsupial australien.
L’eau de Pâques
Cette tradition a presque complètement disparu, et ne survit qu’au Canada et un peu en France. Les enfants devaient aller puiser de l’eau dans un ruisseau pendant les quelques minutes précédant l’aube du jour de Pâques. Cette eau, une fois bénie, se parait alors de nombreuses vertus. Elle aurait des propriétés magiques et de guérison, entre autres pour la peau, les yeux et la fièvre, mais elle éloignerait aussi la foudre, les intempéries et les mauvais esprits.
Les œufs de Pâques
Dans de très nombreuses cultures, l’œuf est le symbole de la vie et de la germination. Dans les anciens textes finlandais, le Kalevala, le monde serait né d’un œuf. On a également découvert des œufs d’autruche décorés dans des tombes d’Afrique Centrale, et qui datent d’il y a 60 000 ans !
Pour Pâques, les œufs s’échangent comme cadeau dès le IVè siècle, mais la noblesse ne commence à les faire décorer que durant le XIIè siècle ; les rois faisaient parfois dorer des œufs à la feuille d’or pour les offrir à leurs proches. Ils commencèrent à y cacher de petites surprises (ou des plus grosses avec de faux œufs) à partir du XVIè siècle.
Mais ce n’est qu’en 1847 que les frères Fry pensèrent à vider un œuf frai et à le remplir d’un « mélange de sucre, de beurre de cacao et de chocolat en poudre » de leur invention. L’œuf en chocolat était né, et il continue d’être très apprécié.
Mais les œufs peints ne sont pas en reste. En Europe de l’est, ils sont décorés de couleurs chamarrées selon plusieurs méthodes.
Les orthodoxes russes peignent en rouge les œufs pondus le Jeudi Saint (la veille du Vendredi Saint), et les gardent comme porte-bonheur.
En Grèce, on fait des batailles d’œufs durs décorés : les opposants frappent leurs œufs ensemble, et celui qui reste intact a gagné.
En Italie, on décore la table avec des œufs bénis.
Et en Hollande les enfants passent de maison en maison pour demander des œufs, comme pour les bonbons à Halloween.
Les œufs de Pâques existent même dans les jeux vidéo. Ce sont souvent des objets ou des lieux insolites, comme un poulet géant qui crache du feu, ou des références à des jeux antérieurs s’ils font partie d’une série. Souvent difficile d’accès, ce sont des liens entre les programmeurs des jeux et le joueurs eux-mêmes, un clin d’œil entre anonymes, et un remerciement pour la fidélité et le temps passé à explorer tous les secrets du jeu.
Le saviez-vous ?
La pâquerette porte ce nom car elle fleurit à Pâques, quelques jours après l’équinoxe de printemps.
Partager sur Facebook
Partager sur Twitter
chrétien, cloche, eau, juif, lapin, lièvre, pâquerette, paques, pessah, œuf