L’origine des baguettes chinoises
Les baguettes magiques
A partir du néolithique, les hommes qui ne connaissaient que le rôtissage au feu de bois, apprirent à faire bouillir les aliments dans des marmites. L’humanité se trouva alors confrontée au même problème : comment retirer les morceaux cuits du liquide bouillant sans se brûler les doigts et/ou sans avoir à attendre que le potage refroidisse ?
Les coquillages ou les coquilles de fruits pouvaient faire l’affaire mais ils étaient rares. D’ailleurs, le mot « cuillère » viendrait de coquillage. La première réponse fut de fabriquer un outil creux imitant la main qu’on utilise pour s’abreuver.
Les hommes employèrent des matériaux aussi divers que le bois, la corne, l’os, la terre cuite. Ils le munirent d’un manche, plus pratique surtout pour récupérer le liquide chaud dans des récipients profonds.
Un gourmand, forcément !
Alors que le monde occidental continuait avec sa cuillère et son couteau (l’usage de la fourchette n’apparait qu’à la fin du Moyen-Age en Europe), une invention révolutionnaire, attribuée, selon la légende, à Yu le Grand, l’empereur fondateur de la première dynastie chinoise des Xia, va bouleverser la cuisine des hommes…
L’empereur craignant de se faire assassiner avait proscrit l’utilisation des couteaux et fourchettes dans son royaume. Un jour où il était bien impatient de manger la viande qui mitonnait dans le ding (pot à ragoût sur trépied), et voulant éviter de se brûler les doigts, il arracha deux branchettes d’un arbre dont il se servit comme d’une pince ! Les baguettes étaient nées…
Et Confucius passait par là…
Le grand philosophe chinois Confucius (551-479 av. J.C.) a largement préconisé les baguettes. Ce dernier considérait le couteau et la forme recourbée de la fourchette comme des armes et des objets de violence alors que les baguettes inspirent la gentillesse et la bienveillance. En consequence, ces ustensiles furent exclus de la table et la nourriture chinoise sera toujours coupée en morceaux pour la manger une fois arrivée dans l’assiette du convive.
Un ancien proverbe résume fort bien cette philosophie : »On se met à table pour manger, non pour découper des bêtes ». Les Chinois trouvent barbare de servir à table une énorme carcasse de viande qui rappelle la forme originelle de l’animal. On trouve aussi très impoli d’obliger un invité à découper lui-même sa viande qui doit l’être au préalable.
A la fin de la dynastie Han (2e siècle av. J.C.), toute la Chine se sert de baguettes et l’usage se répand à travers l’Asie : du Japon à la Corée et au Vietnam, jusqu’en Malaisie et Singapour.
Au cours de l’histoire, beaucoup de rois et d’empereurs ont utilisés des baguettes en argent. Ce métal avait la propriété de changer de couleur en présence de poison…
Pour fabriquer les baguettes, les chinois ont eu recours au cuivre, au fer, à la laque, à l’or, à l’argent, à l’ivoire, au jade (une pierre verte), à des incrustation de pierres précieuses. Aujourd’hui nous avons des baguettes faites de plastique ou de bois.
Enfin, selon la tradition, frotter une paire de baguettes avant de commencer un repas est un signe de politesse signifiant l’agréable perspective d’un repas entre amis !
Aujourd’hui, on estime que 30 % de la population mondiale mange avec des baguettes, 30 % avec des couverts et 40 % avec les doigts.
La plus ancienne paire de baguettes, en bronze, a été retrouvée sur le site archéologique d’une ancienne capitale de la dynastie Shang (1570-1045 av. J.C.).
Baguettes Kuaizi en argent
Dynastie Yuan (1271-1368)
Fouilles à Hefei, province du Anhui (1955)
et exposées au Musée du quai Branly
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