Oeuf mais Pas Que [conte de Pâques]
Ôion est un oeuf. Sa maman l’a pondu quelques jours avant les Fêtes de Pâques.
Ô, c’est ainsi que sa maman l’appelle, sait que c’est un moment important pour un oeuf. Il se pose de grandes questions pour son avenir.
Doit-il essayer d’être un oeuf peint, multicolore, pour séduire les enfants et leurs parents dans la corbeille du jour de Pâques et leur rappeler les traditions d’Europe de l’Est ? L’idée lui plairait bien. Il est un peu amoureux d’Héloïse, la petite brunette de la maison. Héloïse a 5 ans, un tout petit nez, des boucles brillantes et un teint tout brun (comme Ô). Ses grands yeux verts envahissent tout son visage et pétillent lorsqu’elle éclate de rire. Ô est tombé sous le charme lorsqu’elle a ri en le découvrant bien caché sous une feuille dans le poulailler. En écoutant les conversations de la maison au fond de son panier, il a compris que la maman d’Héloïse venait de Roumanie. L’idée d’être peint à la cire et de devenir un pysanky qui reste sur la cheminée, il trouve ça chouette. Il a juste un peu peur que la cire et le pinceau le chatouillent.
Doit-il devenir un œuf en chocolat ? un vrai oeuf de Pâques ? et régaler Héloïse. Il trouve cela drôlement amusant de pouvoir se changer à l’intérieur sans se changer à l’extérieur mais « être chocolat » est une expression un peu dévalorisante ! [recette : oeuf en chocolat maison]
L’autre solution reste de décider que Pâques est une histoire de lapins [de Pâques] et de cloches [de Pâques] qui fabriquent des oeufs [de Pâques] et les apportent dans les jardins…et que cela ne le regarde pas, lui qui est un oeuf [de poule]. Du coup, il se choisirait un avenir d’œuf à la coque pour le petit-déjeuner d’Héloïse dont les yeux brillent quand Mamie lui apporte sur un plateau le coquetier et les mouillettes au beurre salé. La petite est si contente que vraiment Pâques lui semble un bien petit événement.
On ne fait pas toujours ce qu’on veut !
Mais voilà qu’il entend une conversation dans la cuisine. Du fond de son panier, il tend l’oreille. Papa et maman viennent déjeuner pour Pâques. Mamie et Héloïse discutent du menu.
« Je voudrais des coquillettes avec le bon jambon que tu as fabriqué lorsque nous avons tué le cochon » dit Héloïse.
Héloïse vit dans une grande ville mais elle sait tout de la ferme grâce aux vacances qu’elle passe chez ses grands-parents et elle adore participer à la vraie vie.
La tradition
Mamie semble un peu embêtée. « Tu sais Héloïse, à Pâques ou Pessah, les traditions chrétienne et juive placent l’agneau au centre du repas. On l’appelle l' »Agneau Pascal ». En Islam, on le sert pour l’Aïd à une date qui change chaque année. L’agneau a toujours été très lié aux dieux depuis l’époque des Grecs anciens. Je ne sais pas pourquoi on le sacrifie ainsi dans toutes les religions !
C’est aussi un met succulent. Je te propose de préparer un beau gigot que nous irons acheter chez le boucher. Ne dit-on pas « doux comme un agneau » ? Et c’est vrai. Sa laine comme sa viande font le bonheur des êtres humains depuis longtemps.«
Héloïse est ravie. Elle a peut-être déjà goûté mais a oublié. Mamie l’a convaincue, c’est sûrement délicieux avec les carottes toutes tendres qu’elles ont ramassées dans le jardin ce matin, ça va être terrible. Les voici en cuisine. Ô est très attentif mais ne comprend pas bien ce qui se passe. Tous les oeufs du panier sont très calmes.
Tout est pelé : les carottes et les petits oignons auxquels ont été ajoutées quelques rondelles d’aubergine, chantonnent dans le fait-tout quand Mamie s’écrie : « Et pour le dessert ? que prépare t-on Héloïse ?«
« La recette des cookies Chocolat-Carambar « s’écrie Héloïse en sautant comme une grenouille. « Bonne idée » dit Mamie « s’il en reste on les grignotera pour le goûter, avec un verre de lait ou une tasse de thé.«
Le choix du roi
Dans le panier les oeufs deviennent nerveux. « Que se passe t-il ? « chuchote Ô. « Tu vas voir » ricane l’oeuf tout blanc sur sa droite. « Héloïse, dit Mamie, vas me chercher un oeuf ! »
La petite fille secoue ses belles boucles brunes, un large sourire barre son visage, elle s’approche du panier, regarde longtemps les oeufs qui retiennent leur souffle. Qui va être l’élu des cookies ? D’un geste rapide, elle s’empare de Ô qui frissonne. « Celui-ci est très mignon dit Héloïse, je peux le casser Mamie, s’il te plaît ? » Nouveau frisson, entre peur et plaisir. Ô n’a plus de question à se poser : il s’intégrera dans un cookie et fera le bonheur d’Héloïse, pour Pâques.
Héloïse le casse délicatement au-dessus du cul-de-poule, ajoute le sucre et bat énergiquement. Ô se sent comme dans un manège, il mousse, il mousse avec le sucre, il rit, il rit. Alors ça, ça chatouille !
Quelle histoire !
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